La vraie méthode pour bien gagner sa vie quand on est freelance

Je me sentais nul.

Seul au milieu de mon magasin, je pleurais.

Il était 14h, heure d’ouverture.

J’avais honte.

Je ne voulais pas que mes clients me voient dans cet état. Je tenais a cet image du jeune ambitieux qui réussit ce qu’il entreprend et va jusqu’au bout sans ne jamais rien lâcher.

Mais au fond, je n’étais pas comme ça.

Je me sentais faible. Petit. Je rêvais d’une chose: retourner dans ma chambre chez ma mère et revivre ces années d’adolescence où les problèmes d’adulte ne nous concernent pas.

J’avais la sensation d’avoir progressé continuellement jusqu’à aujourd’hui. Mais ces limites venaient d’être atteintes. Je me sentais sale parce que lorsque tout le monde apprendrait ce qui allait arriver, je décevrais toutes ces personnes qui croyaient en moi. Elles verront que je n’étais rien d’autre qu’un raté. Un bon à rien. Un de plus.

J’avais 24 ans et tout mon univers était en train de s’effondrer sous mes pieds. 3 ans auparavant j’avais racheté un fond de commerce avec 2 associés. Une boutique de prêt-à-porter qui vendait aussi des accessoires de sports de glisse. Et oui… J’étais un skater avec le pantalon qui tombe et j’écoutais du punk rock. Et à l’âge de 21 ans, je reprenais la boutique dans laquelle je rêvais de travailler quand j’avais 16 ans. Mon rêve de jeunesse était devenu réalité. Je me sentais invincible.

C’est moi à gauche lorsque je jouais dans un groupe de Punk Rock

Mais quelques années plus tard, c’était la catastrophe. Je devais m’avouer vaincu…

J’avais lamentablement échoué.

Ma société était ruinée.

Mon compte personnel était dans le rouge et la banque venait de m’annoncer que j’étais interdit bancaire.

Mon rêve venait de se transformer en cauchemar. C’était l’horreur.

Je me sentais tellement honteux que j’avais la sensation que tout le monde me montrerait du doigt dans la rue.

Chaque jour, des huissiers me harcelaient par téléphone ou en se pointant directement au magasin. Pour ne plus les voir, je décidais de baisser la grille.

Après tout… Même si mon chiffre d’affaires se multipliait miraculeusement par 3 (ce qui était impossible vu l’état de mon stock, il ne me restait que des invendus) je n’aurais pas pu rembourser toutes les dettes accumulées en quelques mois.

Je voulais fuir. Disparaître.

À cette époque j’avais des désirs de richesse.

Je pensais que le bonheur passait obligatoirement par avoir beaucoup d’argent et de biens matériels. Alors que le sol se dérobait sous mes pieds, j’avais envie de l’opposé. Une vie simple, discrète, et sans crédit.

Je me souviens qu’à cette époque, j’aurais donné tout ce qui me restait pour qu’on annule mes dettes, me blanchissent et que tout ce cauchemar s’envole d’un seul coup pour vivre un quotidien simple. Quelques mois auparavant, j’avais des rêves de grandeur. Devenir millionnaire. Avoir la grosse baraque et la voiture qui va avec. Bref… La carte postale de la société capitaliste superficielle. Mais à cet instant précis j’aurais rêvé d’une vie simple dans un studio avec un revenu de 800€ par mois.

C’est durant cette période que ma mère a poursuivi mon éducation.

Elle m’a appris à mieux gérer mon argent.

À vivre sans crédit.

En toute simplicité.

À ne dépenser moins que ce que je ne gagne.

Parce que lorsqu’on arrive à se contenter de choses simples dans notre quotidien, le jour où les revenus grossissent, on devient plus stable. Nous sommes plus aptes à gérer les coups durs et les imprévus de la vie. On stresse moins et on vit sereinement.

Avec le recul, j’ai compris que c’est ça le bonheur.

10 ans se sont écoulés depuis mon naufrage financier. Et aujourd’hui, tout va bien.

Je vis la vie dont je rêvais quand j’étais seul dans mon magasin, en train de pleurer. Je pensais si fort à ma vie actuelle que j’ai l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps.

J’ai appris le grand paradoxe de ce qu’est la vraie réussite.

L’argent n’aime pas les obsédés

Travailler par amour et non pour l’argent. Pas par amour de l’argent, mais pour ce que vous faites. Se focaliser sur votre travail et avoir le souci constant de vous améliorer, monopolisera vos capacités mentales sur ce que vous devez faire. Et non sur l’argent.

C’est bien de se fixer des objectifs financiers, car le challenge est un puissant stimulant. Mais le faire seulement pour l’argent amène tôt ou tard ce sentiment de « vide ».

On en arrive à se demander: « mais pourquoi est-ce que je fais tout ça ? ».

J’aime réfléchir sur les réelles motivations qui nous poussent à agir. Quand on désire obtenir plus, il faut trouver la motivation émotionnelle qui se cache à l’origine de ce besoin. La plupart du temps, vous remarquerez que cela vient d’un sentiment noble comme: mettre sa famille à l’abri. Mais soyons honnêtes, le désir de « devenir millionnaire » relève plus du challenge que de mettre sa famille à l’abri du besoin. L’idée est donc de trouver ce socle émotionnel qui nous motive à gagner plus ou d’atteindre une certaine somme d’argent.

Une fois que vous êtes au clair sur ce sujet, concentrez-vous sur vos capacités, vos connaissances et votre savoir-faire. Cherchez à devenir meilleur et en apprendre plus sur votre secteur d’activité pour devenir cette référence digne de confiance, qui ne travaille pas seulement pour gagner de l’argent, mais parce qu’il aime son métier.

Mettez-toi un instant dans la peau d’un client. Si vous étiez à sa place, préfériez-vous travailler avec un prestataire compétent et passionné ou simplement un freelance compétent qui n’est intéressé que par l’argent ?

Naturellement, vous choisiriez un prestataire passionné par son métier afin qu’il mette autant de cœur que vous dans votre projet. Ce qui est normal.

La passion, la précision et le souci du travail bien fait dans le respect des délais sont les qualités les plus recherchées chez un freelance. Et pour être franc, ce sont des qualités qui se perdent de plus en plus. Et c’est donc une excellente nouvelle pour les débutants. Si vous êtes passionné, que votre motivation première n’est pas l’amour de l’argent mais celui du travail bien fait, vous n’aurez pas besoin d’être le meilleur pour très bien gagner votre vie.

Que signifie très bien gagner sa vie ?

D’après mon expérience, il y a un seuil de revenu où lorsque vous gagnez plus ça ne change rien à votre train de vie. Bien entendu, vos relations avec l’argent doivent être saines. Si vous avez les poches trouées et que l’essentiel de votre argent part dans des futilités, que vous le dépensez n’importe comment, cela signifie que vous avez une vision déformée de l’argent. Il vous faudra modifier ce point de vue en respectant la valeur de l’argent et certainement sortir de ces schémas de « secrets » et de « lois d’attraction » que véhiculent beaucoup d’entrepreneurs transformés en influenceurs qui aiment louer des Lamborghinis lors d’un voyage à Dubaï et qui vous proposent de télécharger leurs formations offertes pour devenir millionnaires avant la fin de l’année. La plupart du temps, ces personnes-là sont tellement motivées par gagner toujours plus qu’elles en arrivent à frauder et vivre à l’étranger parce qu’elles n’ont plus le choix. Leur business modèle est si fragile que s’ils devaient s’installer en France, il ne serait pas rentable.

Attention aux modes de pensés qui prouvent un manque d’équilibre avec l’argent

Un freelance qui a une vie de famille en France doit faire attention avec ses modes de pensées qui déforment la vision et le bon sens. Vous avez plus de chance de finir aigri et de passer votre temps à râler, de vous plaindre que la vie est difficile et que les charges sont trop élevées… plutôt que de vouloir vous améliorer dans votre domaine de compétence.

Les légendes de l’entrepreneuriat sont bien souvent des personnes qui ont une vie simple, qui respectent leur temps et leur argent. Je me souviens avoir lu une étude il y a quelques mois qui montraient que les marques de luxes étaient consommés par les personnes gagnant moins de 2000€ par mois ou pauvre. Pas étonnant puisque notre société moderne est basée sur l’apparence et notre désir grandissant d’accomplissement de soi.

La liste des valeurs saines pour une carrière de freelance équilibrée

J’ai dressé cette liste de manière arbitraire, mais c’est celle qui me vient à l’esprit après plusieurs années d’observation. Je pense que c’est une bonne piste de réflexion et un point de départ pour analyser ses objectifs:

  • Modestie
  • Humilité
  • Respect des délais
  • Dépenser moins que ce que l’on gagne
  • Penser plaisir et joie dans le travail
  • Travailler moins, mais mieux
  • Couper les distractions
  • Éviter les influences malsaines
  • Penser aux personnes que l’on aime

Si vous avez d’autres qualités utiles qui vous viennent à l’esprit, ajoutez-les à cette liste ????

Comment ne pas devenir une victime du marketing

Combien d’entre-nous sommes perturbés après avoir passé quelques minutes sur Facebook ou Instagram ?

Nos idées ne sont plus claires. On pense avoir travaillé en faisant ce que certains appellent du « réseautage », mais en réfléchissant bien, elles se sont inscrites à deux publicités pour recevoir un lead magnet qui fera le pitch de vente d’une formation à 2000€ aussi instructive qu’un ebook à 2,99€ sur le Kindle. En réalité, elles sont devenues des victimes du marketing.

Nous le sommes tous.

Il est de plus en plus difficile de passer à travers les mailles du filet.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai supprimé mes comptes de réseaux sociaux il y a plus d’un an maintenant. Au-delà du fait d’avoir gagné un temps extraordinaire, mon esprit est beaucoup plus concentré sur les choses essentielles de mon activité. Et pour ne pas gâcher ce plaisir, je ne suis plus contacté par certaines personnes nocives.

Soyons honnêtes, les réseaux sociaux se sont transformés en casino géant. Leurs algorithmes sont aujourd’hui construits comme ceux des machines à sous. La nouvelle génération est devenue littéralement accro et on ne s’étonne même plus de voir un enfant pleurer pour que l’un des parents lui donne son téléphone portable.

Si ce sujet vous intéresse, je vous recommande le livre « La civilisation du poisson rouge, petit traité sur le marché de l’attention » écrit par Bruno Patino, directeur éditorial de Arte France. Les réseaux sociaux et toutes ces applications qui provoquent une forme d’addiction transforment des personnes saines en joueurs compulsifs de casino. Sans parler des Fakes News qui amènent n’importe qui à devenir un expert de n’importe quoi. Jean-Michel le maçon peut soudainement devenir beaucoup plus crédible sur des questions de santé qu’un médecin qualifié et reconnu. Tout simplement parce que Jean-Michel a des raisonnements logiques et qu’il sait convaincre. Il sait vendre une idée et un point de vue. Si vous avez quelques notions de copywriting, vous savez très bien qu’un raisonnement logique n’est pas toujours synonyme de vérité.

???? Faut-il ou non être sur les réseaux ?

Personnellement je n’en vois pas l’intérêt. Mais bon… C’est peut-être mon côté éternellement contradictoire qui parle et non ma raison. Après tout, c’est une question personnelle. Dans tous les cas, vous pouvez vous amuser à faire un test sur votre santé mentale en vous coupant des réseaux pendant 1 semaine. Je ne serais pas étonné que le monde vous apparaisse différemment. C’est en tout cas ce qui nous est arrivé avec Doudou lorsque nous avons décidé de nous déconnecter de ces plateformes. Mais c’est une décision personnelle. À vous de faire preuve de bon sens.

J’aimerais vous citer un passage du livre de Bruno Patino que j’ai trouvé génial à la page 142:

« L’établissement de zones hors connexion à l’image des zones non-fumeurs relève de la santé publique (…) Ce que les entrepreneurs de la Silicon Valley, qui placent leurs enfants dans des établissements tech free (sans technologie), ont parfaitement compris. »

Bruno Patino

Amusant non ?

Ce que font ces grands patrons me fait penser à ces dealers de drogue qui ne consomment pas ce qu’ils vendent où ses propriétaires de bar qui ne touchent pas une goute d’alcool pour rester sobre. Il y a aussi un article publié sur CNBC en 2019, « L’école sans technologie où les parents high-tech envoient leurs enfants » qui parle de ce sujet. Il est en anglais, mais vous pouvez facilement le traduire en utilisant Google Translate depuis le navigateur Google Chrome.

Quoi qu’il en soit, la vie et plus particulièrement votre carrière de freelance peut être beaucoup plus simple qu’elle n’y paraît si vous adoptez un point de vue équilibré sur l’argent (c’est un outil et non une raison de vivre et encore moins une motivation pour les personnes saines). Ensuite, focalisez-vous sur vos compétences et vos connaissances. Si vous êtes débutant, comprenez bien que le simple fait d’être sérieux, passionné et de rendre le travail en temps et en heure vous différenciera de la concurrence. Ces qualités se font de plus en plus rares pour la simple et bonne raison que les valeurs de bases se perdent. Et pourtant… Ce sont celles les plus prisées et les plus recherchés par les clients sérieux. En les adoptant, vous attirerez et fidéliserez vos clients de telle manière à ne jamais manquer de travail.

Vous remarquerez alors ce phénomène amusant:

Le jour où vous cessez d’être obsédé par l’argent, vous n’en manquerais pas.

Et oui… L’argent n’arrive pas sur votre compte en banque parce que vous en faites une obsession. C’est souvent le contraire. Il arrive parce que vous êtes tout simplement bon et passionné par ce que vous faites.

Julien

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Selon la revue Scientific American, la lecture sur des écrans « provoque une plus grande fatigue mentale et il est plus difficile de se souvenir de ce qu’on a lu. » D’autres experts ont observé que les personnes qui lisent sur papier mémorisent mieux. Voilà pourquoi, chaque mois je publie au format imprimé une lettre regroupant 3 chroniques inédites qui ne sont pas publiées sur le site. C’est un moyen efficace pour retenir et appliquer ce que vous apprenez 🙂