L’écrivain idiot et l’écrivain intelligent
Les téléphones idiots grignotent des parts de marché aux téléphones intelligent. Ce duel est riche d’enseignements pour les écrivains qui luttent pour trouver du temps.
Il y a quelque temps, j’ai regardé une vidéo de la chaîne américaine CNBC, qui parlait des Dumbphones.
C’est le nom ironique donné aux téléphones que l’on utilisait avant la naissance des smartphones. Smartphone voulant dire « téléphone intelligent » et Dumbphone, « téléphone idiot ».
Peut-être avez-vous fait partie des premiers utilisateurs de téléphone portable ?
C’est au collège, en classe de troisième, que j’ai eu mon premier téléphone. Le célèbre Nokia 3310. Un téléphone qui permettait d’appeler, d’envoyer des SMS, et de jouer au serpent. Pas d’écran en couleur, donc pas de photo. Juste des pixels.
Quand les téléphones intelligents sont sortis, ce fut une révolution.
On pouvait prendre des photos, écouter de la musique et installer des applications. Bref, tout un tas de trucs que ne pouvait pas faire un téléphone classique, qu’on appelle maintenant, un téléphone idiot.
Depuis que l’on a constaté la dangerosité des réseaux sociaux et du temps passé derrière un écran, notamment pour les jeunes, il y a un retour des bons vieux téléphones portables. J’ai découvert que des entreprises sortaient de nouveaux modèles de téléphones qui proposent uniquement de faire des appels et des SMS. Quant à d’autres, ils offrent en plus une application de musique et de podcast. Mais, il est impossible d’installer des applications supplémentaires.
L’argument de ces fabricants de téléphones idiots ?
Rendre à nos téléphones portables leur fonction première.
Ainsi, ça nous permettrait, selon eux, de passer moins de temps derrière nos écrans et sur les réseaux sociaux. Le raisonnement se tient, et le mouvement semble grandir d’années en années aux États-Unis.
Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé un parallèle intéressant à faire avec le métier d’écrivain.
L’écrivain intelligent est celui du 21ᵉ siècle. Il est hyper connecté, présent sur tous les réseaux sociaux, parle à toute sa communauté, est disponible pour tous ceux qui lui écrivent. Il utilise tous les nouveaux gadgets à la mode, et qui pourraient l’aider à améliorer sa productivité. Ses semaines de travail sont de 50 heures, durent aussi le week-end et il rencontre beaucoup de difficulté à mener un projet à son terme. Trop d’interruption et peu de temps pour se concentrer en profondeur.
Cette histoire finie bien souvent par un burn-out. Au bout de quelque temps, il s'aperçoit que sa vie est vide de sens. Son projet qui lui tient tant à cœur ne reste qu’un rêve inaccessible.
Puis, il y a l’écrivain idiot.
Il ne possède pas de réseaux sociaux, s'octroie juste un moment par semaine pour traiter ses e-mails et n’est pas disponible pour tous ceux qui le contactent. Lorsqu’il prend des rendez-vous, il s'arrange pour les réunir dans la même journée ou demi-journée. De cette manière, il préserve la majorité de son temps à ce qu’il doit faire, écrire.
Ses objectifs sont simples : écrire 500 mots par jour. Il lui reste d’autant plus de temps pour lire, profiter de sa famille et s’épanouir. Il travaille du lundi au vendredi, pour une durée de 20 heures environ. Sa production est de 2000 mots par semaine, ce qui nous fait 8 000 mots chaque mois. Ce modeste planning lui permet pourtant de publier une newsletter mensuelle payante ainsi qu’un nouveau livre tous les six mois.
L’écrivain idiot travaille beaucoup moins que l’écrivain intelligent. Et, pourtant… Il produit beaucoup, beaucoup plus.
Comme pour le Dumbphone, l’écrivain idiot consacre l’essentiel de son temps de travail à une seule tâche, l’écriture.
Il termine ses journées avec la sensation du devoir accompli.
Il est heureux, épanoui et prend le temps de vivre.
Alors, quel genre d’écrivain voulez-vous être ? L’idiot ou l’intelligent ?
Le Dabe